Réparer des valises avec l’impression 3D pour lutter contre les déchets et l'obsolescence programmée
Cas client de la société Je Répare Mon Bagage (jereparemonbagage.com)
Que se passe-t-il quand un féru d’impressions 3D et de valises décide de s’attaquer aux déchets et à l'obsolescence programmée ? Sébastien Vogel, réparateur compulsif, fondateur de Je répare Mon Bagage et client de Machines-3D, nous donne la réponse dans un entretien sympathique !
Réparer plutôt que de racheter est de plus en plus apprécié par les consommateurs. D’après une enquête Opinionway réalisée en 2017, 21% des Français déclarent préférer cette option lors d’une panne. Cette demande a favorisé l’essor d’un nouveau genre de réparateurs, récupérant et prolongeant la vie des objets grâce à l’impression 3D. C’est le cas de Sébastien Vogel, un amateur d’impression 3D qui ressuscite nos bagages usés. Il a lancé en 2013 la société Je Répare Mon Bagage. D’après lui, réparer au lieu de jeter est une démarche “dans l’air du temps” et qui “monte en flèche depuis quelques années”, notamment poussée par des consommateurs cherchant à consommer de manière plus responsable.
La filière de la réparation d’objets grâce à l’impression 3D est certes récente, mais elle intéresse déjà de nombreuses marques et groupes d'électroménager, motivés par un impératif écologique de réduction des déchets. Cela permet, entre autres, de reproduire des pièces détachées anciennes en petite série, de réduire les coûts et les délais de maintenance ainsi que de minimiser les contraintes de stockage et de gestion de pièces détachées. Grâce à l’impression 3D, plus besoin d’avoir toutes les pièces sous la main : il suffit désormais d’en avoir le fichier .STL pour les reproduire à la demande. Tous ces enjeux, le responsable de Je Répare Mon Bagage les a bien compris et appliqués avec succès. Et c’est peu dire : la petite idée à laquelle peu de monde croyait a depuis germé en une activité qui marche comme sur des roulettes.
C’est pendant sa carrière dans la maintenance industrielle aux aéroports de Paris que lui est venue l’idée de réparer des bagages. En s’intéressant à la question de ce que devenaient les valises maltraitées ou en fin de vie, il constate que les bagages sont très rarement réparés. Pire encore, il remarque qu'ils deviennent de plus en plus fragiles. “Ils sont construits avec des matériaux fins en plastiques et certaines pièces sont conçues pour ne pas durer et ne pas pouvoir être réparées” s’indigne-t-il et d'ajouter que “le seul moyen de vendre de nouvelles valises c’est de forcer les gens à les renouveler de manière ponctuelle”. Une situation qui ne pouvait pas durer pour Sébastien. Il nous explique que les valises sont constituées de différents matériaux (plastiques, métal, caoutchouc...), un mélange qui les rend difficilement recyclables. Quand elles sont jetées, elles finissent donc enfouies ou incinérées.
« Cette situation ne pouvait pas durer »
C’était sans compter sur l’ingéniosité de ce touche-à-tout qui n’a que deux ennemis dans la vie : les déchets et l’obsolescence programmée. Depuis la Vendée, où le maker a décidé de poser ses valises, il s’est mis à la tête d’une petite armée d’imprimantes 3D pour imprimer des pièces de rechange comme des poignées et des renforts ainsi que de depuis peu, des roues imprimées grâce à un filament flexible.
L’opération est bien huilée et “l’atelier ne désemplit pas !” confie Sébastien. “Chaque mois, je reçois pratiquement 2 tonnes de valises endommagées et j’en répare environ 1000”. Un travail dantesque que Sébastien abat seul accompagné de ses Zortrax et de ses Flashforge, et parfois aidé par un assistant quand la demande se fait trop forte. C’était le cas par exemple pendant le confinement, période durant laquelle l’entreprise a pu développer de manière rapide des produits de protection sanitaire tels que des visières de protection, des poignées de porte et des poussoirs, que Sébastien anodise de cuivre afin de leur donner des propriétés antibactériennes.
Convergence des idées et des technologies
En discutant avec le responsable de Je répare Mon Bagage, on pense immédiatement à la fameuse maxime de Lavoisier “Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme”. Celle-ci n’a jamais été autant vérifiée que dans l’atelier de Sébastien Vogel qui ambitionne de réduire au maximum les déchets. “Tout est réutilisable [...] à la fin du parcours client, le seul déchet ultime, c’est l'autocollant de la poste” plaisante-t-il. Dans son atelier, il accumule les bagages irréparables pour les dépouiller de leurs composants toujours fonctionnels et se créer une bibliothèque de pièces détachées. Ces bagages sont pour la plupart issus de lots d’invendus présentant des défauts qu’il récupère gratuitement. Un échange de bon procédé pour le réparateur qui obtient de précieux composants et pour les revendeurs qui peuvent faire de la place dans leurs entrepôts et recevoir des certificats de recyclages. Tout ce qui n’a pas pu être réutilisé est revalorisé, comme les coques de valises qui finiront par être fondues pour donner vie à de nouveaux objets.
Reste que toutes les pièces ne sont pas forcément disponibles. En effet, certaines pièces sont rares ou aujourd’hui introuvables. L’impression 3D et la numérisation 3D occupent donc une place importante dans l’activité de la jeune entreprise. Sébastien imprime alors de nouvelles pièces spécialement conçues pour le modèle à réparer, numérise des pièces rares avec un scanner Einscan et modélise de nouveaux composants pour remplacer les parties endommagées. Pour des raisons de droit, il modifie toujours l’esthétique de la pièce. Il analyse également les défauts des différentes poignées, roulettes ou autres renforts endommagés afin de les recréer de manière encore plus solide. Il espère ainsi “ne plus jamais les revoir” !
Peu satisfait de s’attaquer à lui seul au marché des valises endommagées, Sébastien a rejoint une association de lutte contre l'obsolescence programmée. Il souhaite élargir le débat vers de nouvelles catégories d’objets alors que “pour l’instant, les réglementations touchent surtout à l'électroménager”. En partageant son expérience, le réparateur espère ainsi aider l'association à obtenir une garantie de réparabilité sur les bagages. Il aimerait entre autres qu’à la manière des fabricants d’électroménagers ou de voitures, les fabricants de valises proposent des pièces détachées à tous les réparateurs.
Le mot de Machines-3D :
Le succès de l’économie circulaire repose en grande partie sur notre capacité à réutiliser et à revaloriser efficacement chaque objets. A l’image de Sebastien Vogel pour les valises, chaque filière peut bénéficier des avantages de l’impression 3D pour la réparation d’objets. Chez Machines-3D, nous sommes toujours prêt à aider les répar-acteur dans cette démarche responsable et vertueuse.